Résumé :
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Constatant que l'anthropologie ne peut plus simplement prétendre reconstituer aussi « objectivement » que possible les cultures étrangères, puisqu'elle rencontre des cosmologies qui précisément excluent le partage entre nature et culture, Eduardo Viveiros de Castro propose d'y voir le lieu d'une expérimentation métaphysique où les « autres » sont non pas objets mais témoins de pensées et même d'images de la pensée alternatives. Montrant alors la complicité de cette anthropologie décolonisée avec la « métaphysique des devenirs » de Deleuze et Guattari, il en éclaire les enjeux dans le passage de l'Anti-Oedipe à Mille Plateaux, incompréhensible si on ne le replonge pas dans le savoir ethnologique qu'il charrie et à travers lui dans les ressources offertes par les pratiques conceptuelles de l'Afrique, puis de l'Amazonie.
Il conclut par une relecture du structuralisme de Claude Lévi-Strauss qui dépasse l'opposition factice des pensées de la structure et de la différence, tout autant que de l'anthropologie et de la philosophie, du nous et des autres. Eduardo Viveiros de Castro est Professeur d'Anthropologie au Museu Nacional de Rio de Janeiro, après avoir enseigné à Cambridge, Chicago et Paris. Il est notamment l'auteur de From the Enemy's Point of View: Humanity and Divinity in an Amazonian Society (Chicago, 1992) et A Inconstância da Alma Selvagem (Sao Paulo, 2002). Son travail sur le multinaturalisme ou perspectivisme amérindien et l'ontologie de la prédation en ont fait un maître de l'anthropologie contemporaine.
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