Titre : | Langues dominées et langues dominantes en Guyane : pratiques commerciales et pratiques scolaires à Mana |
Auteurs : | Marie-José Jolivet, Auteur |
Type de document : | article de revue |
Editeur : | Paris : Office de la recherche scientifique et technique outre mer (ORSTOM), 1991 |
Collection : | Cahiers des sciences humaines, ISSN 0768-9829, num. 27 (3-4) |
Format : | p. 497-515 |
Langues: | Français |
Catégories : |
[Ecoplanète] 0400 - VIE PUBLIQUE ET SOCIETE > 0404 - EDUCATION ET FORMATION > EDUCATION [Ecoplanète] 0600 - TERRITOIRES > 0604 - TOURISME ET PATRIMOINE > PROTECTION DU PATRIMOINE > PATRIMOINE CULTUREL [Ecoplanète] 1700 - SCIENCES > 1701 - SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES > HISTOIRE [Ecoplanète] 1700 - SCIENCES > 1701 - SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES > SCIENCES DU LANGAGE |
Tags : | multilinguisme |
Résumé : |
L’approche d’une situation de multilinguisme ne relève pas de la seule linguistique: la question est aussi sociale, économique, et même parfois éminemment politique. Telle est, en tous cas, la manière dont elle se présente en Guyane […] Il faut ici faire un détour par la question du “développement” dans sa spécificité guyanaise. Aussi éloigné soit-il de l’Hexagone, tout DOM fait partie intégrante de la France et constitue donc une portion de son territoire national. Dès lors, on y parle moins de développement que de “mise en valeur”, selon un usage qui fait aussi partie du patrimoine colonial […]
Ainsi, à partir du XVIIIè siècle, […] la Guyane a connu de nombreuses opérations de mise en valeur […] [;] l’étude de cas qui va suivre relève, au départ, de ce type d’opération : la “colonie de Mana”, comme on a dit durant plusieurs décennies, est née d’une action purement volontariste, touchant une partie du territoire guyanais encore “vierge”, sur laquelle il convenait d’affirmer l’emprise française […] Or, […] l’idée de mise en valeur s’accompagne toujours d’un projet culturel plaçant la “civilisation française” au cœur de toute avancée. Le phénomène est bien connu, mais il peut être utile d’en souligner les conséquences sur l’actuelle situation linguistique de la Guyane : qu’il soit individuel ou collectif, le progrès est resté jusqu’à nos jour étroitement associé à la pratique de la langue française […] et ce, bien que le créole ait longtemps été la langue de loin la plus parlée, et le soit encore aujourd’hui. A partir du cas de Mana, nous verrons donc comment, sur la trame de la colonisation esclavagiste, se sont construits les rapports entre créolisation et francisation. Apparaîtront alors les fondements du principe de diglossie, conforté par les pratiques scolaires, mais aussi les limites que peut lui assigner la situation de multilinguisme, tant que les pratiques commerciales offrent au créole sa revanche ou, si l'on préfère, tant que les pratiques scolaires ne prennent pas dessus. |